À Saint-Cyr-sur-Mer, le projet Pradeaux-Gare avance et divise. Lors d’une réunion publique, élus et habitants ont confronté leurs visions sur ce futur quartier stratégique.

Réunion publique sur le projet Pradeaux-Gare à Saint-Cyr-sur-Mer – CREDIT : Var Actu
La réunion publique du 22 avril a rassemblé une salle comble à l’espace Provence autour du projet Pradeaux Gare. Circulation, logement, économie, environnement : les enjeux majeurs pour l’avenir de ce quartier ont été débattus.
Une forte mobilisation autour d’un projet structurant
C’est devant une salle comble que s’est tenue, mardi 22 avril à 18h15, la deuxième réunion publique dédiée au projet d’aménagement du quartier Pradeaux-Gare à Saint-Cyr-sur-Mer. Après une première rencontre le 24 septembre 2024, cette nouvelle étape de concertation a confirmé l’intérêt – et aussi les inquiétudes – des habitants. Le maire, entouré des élus Andrée Samat et Bruno Joannon, de la directrice générale des services, ainsi que de deux représentantes de l’Établissement public foncier (EPF), a tenu à rappeler que le projet discuté était bien celui de la commune, distinct du projet ferroviaire porté par la SNCF.
« Aujourd’hui, c’est le projet de la commune dont on parle. Et non pas le projet ferroviaire de la SNCF », a précisé le maire dès l’ouverture, insistant sur le fait que ce plan d’aménagement était antérieur aux discussions ferroviaires. Le projet Pradeaux-Gare est, selon lui, nécessaire et structurant pour la ville, et s’inscrit dans une démarche urbaine ambitieuse, à la fois sociale, économique et environnementale.
Un projet aux multiples enjeux pour Saint-Cyr-sur-Mer
Le projet vise à réaménager un secteur stratégique, en bordure de la gare, aujourd’hui marqué par des « friches vétustes » et une organisation urbaine peu cohérente. Il répond à plusieurs objectifs identifiés par la municipalité :
La circulation : sécuriser et fluidifier
L’avenue du Général de Gaulle, axe majeur mais actuellement saturé et dangereux, est au cœur des préoccupations. L’objectif est de désengorger cette voie grâce à la création d’un nouvel axe de circulation sur le chemin privé de Taccone, pensé pour les voitures et les bus. Le but étant d’y apporter une meilleure fluidité, en lien avec de nouveaux aménagements routiers, piétons et cyclables.
Un rond-point est prévu en face de l’UCPA, et des liaisons piétonnes et cyclables traverseront le nouveau quartier. À terme, l’avenue du Général de Gaulle ne sera plus en double sens, ce qui devrait offrir, selon le maire, « un bol d’air phénoménal pour les voitures, les piétons et les vélos ».
Le chemin des Pradeaux, axe structurant du futur quartier
Le chemin des Pradeaux occupe une place centrale dans le projet d’aménagement du quartier. Destiné à devenir un axe principal de circulation, il fait l’objet de réflexions approfondies en lien avec la communauté d’agglomération, responsable de la compétence voirie. Lors de la réunion publique, le maire a précisé qu’une étude de trafic a été menée, puis est encore enrichie afin d’anticiper les flux à venir.
Deux variantes de tracé sont actuellement à l’étude : l’une permettant un débouché vers la station Total, l’autre visant un tracé plus direct à travers la future ZAC. À ce jour, « l’étude ne montre pas de difficulté » particulière concernant la faisabilité de l’aménagement de ce chemin. L’enjeu est de relier harmonieusement ce nouvel axe au réseau existant, en prolongeant une logique de continuité urbaine depuis l’avenue du Général de Gaulle jusqu’au cœur du nouveau quartier, tout en garantissant sécurité et fluidité de circulation.
Le logement : répondre aux besoins locaux
Un des enjeux majeurs est la production de logements accessibles aux Saint-Cyriens, pour les Saint-Cyriens. La ville a signé un contrat de mixité sociale voté à l’unanimité par le conseil municipal, et sa mise en œuvre passe par l’aménagement du quartier Pradeaux-Gare. Situé à proximité de la gare et du futur pôle multimodal, ce quartier permettra de créer une offre résidentielle diversifiée et accessible, tout en réduisant la dépendance à la voiture.
L’économie : créer de l’emploi et animer le quartier
Le projet intègre également une dimension économique. Selon les documents présentés lors de la réunion, il est prévu :
- Environ 1 000 m² de surfaces commerciales, concentrées autour d’une petite placette située à proximité immédiate de la gare. L’objectif est d’y implanter des commerces de proximité destinés à animer le quartier : café, boulangerie, petite restauration ou services de base. À ce stade, aucun commerce n’est encore précisément défini.
- Environ 1 500 m² de bureaux et d’activités artisanales, répartis dans des bâtiments situés en retrait de la zone résidentielle. Ces locaux ont vocation à accueillir des professions libérales, des services, ou des artisans, contribuant à la création d’emploi local et à la vitalité économique du futur quartier.
L’objectif est de stimuler la vie de quartier et de créer des emplois directement sur place, dans une logique de ville active et vivante. Ces surfaces s’intègrent dans un projet global pensé comme un nouveau pôle de vie et d’échanges, directement connecté à la gare, dans une logique de proximité et de durabilité.
Les services techniques : regrouper et optimiser
Aujourd’hui dispersés et hébergés dans des locaux loués, les services techniques de la ville seront regroupés dans de nouveaux bâtiments municipaux implantés à côte des jardins partagés. Cette rationalisation vise à améliorer la gestion et à réaliser des économies durables pour la commune.
L’environnement : faire de Pradeaux-Gare un écoquartier
Il a été dit que « les projets de 2025 doivent se faire de manière durable ». Le projet s’inscrit dans une démarche de recyclage de friches urbaines : il ne s’agit pas d’urbaniser de nouvelles terres, mais de revitaliser une zone artificialisée déjà existante. L’urbaniste en charge a confirmé l’intention de viser des constructions à haute qualité environnementale, intégrant des normes passives, une gestion raisonnée des eaux et des matériaux durables. L’ambition est claire : faire de ce quartier un véritable écoquartier.
Une vision globale et un calendrier progressif
Le calendrier prévoit :
- Fin 2025 : dépôt du dossier de déclaration d’utilité publique (DUP),
- 2026 : enquête publique,
- Fin 2026 : validation de l’arrêté de DUP,
- Mi-2027 : début des procédures d’expropriation (si nécessaire),
- Début 2028 : lancement des travaux.
Actuellement, 40 % des parcelles sont déjà maîtrisées au global sur la zone, via des accords amiables avec les propriétaires. La concertation et la négociation doivent se poursuivre tout au long du processus.
Une concertation animée avec les habitants
La phase de questions-réponses, lancée peu après 19h, a donné lieu à plusieurs échanges tendus. M. Serre a vivement critiqué ce qu’il considère comme un manque de clarté dans la distinction entre le projet municipal et celui de la SNCF : « C’est vous qui avez provoqué l’amalgame en plaçant le pôle d’échange au cœur du nouveau quartier ». Il a également réclamé « plus de communication de la part de la ville, notamment via les réseaux sociaux ».
Réponse cinglante du maire : « Monsieur, vous êtes quelqu’un de censé, on est dans une réunion publique c’est pour parler publiquement et pas être derrière un écran. Moi je préfère voir les Saint-Cyriens aux smartphones ! », avant d’ajouter que les choix réalisés sont « réfléchis, nécessaires et en cohérence avec les objectifs de la ville ».
Dans l’ensemble les riverains reprochent à la municipalité le peu de transparence sur le projet, le manque de communication générale autour de celui-ci.
Autre point de friction, une riveraine, Valérie, a dénoncé l’usage abusif du terme « friche urbaine », accusant les élus de montrer des photos du périmètre SNCF et non de la zone communale qui n’est pas « en friche ». Le maire a promis de la recevoir en mairie, tout en rappelant que chaque situation est traitée au cas par cas.
Le président de l’association Saint-Cyr Citoyenne a également pris la parole pour rappeler qu’un projet alternatif avait été proposé et que les habitants devaient en être informés.
Enfin, des questions ont porté sur l’aspect environnemental. Un riverain a appelé à plus de transparence sur les engagements écologiques. L’urbaniste a confirmé que la qualité environnementale sera au cœur des prescriptions techniques.