Sous les eaux paisibles et turquoise du lac de Sainte-Croix dort un village oublié du Verdon

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Lac de Sainte Croix – CREDIT : Pixabay

Dans les années 1970, au cœur du Verdon, un événement marquant bouleverse à jamais la vie de centaines d’habitants : la mise en eau du lac de Sainte-Croix. Si aujourd’hui ce vaste plan d’eau turquoise attire touristes et amoureux de nature, il fut autrefois le théâtre d’un sacrifice douloureux. Celui du village de Salles-sur-Verdon, englouti pour permettre la construction du barrage de Sainte-Croix.

L’idée d’un barrage sur le Verdon naît dès l’après-guerre, dans le contexte de la reconstruction et du développement énergétique de la France. L’objectif : produire de l’électricité grâce à une centrale hydroélectrique et réguler le débit du fleuve. Le projet, porté par EDF, prévoit la création d’un immense réservoir d’eau, nécessitant l’inondation de plusieurs vallées. Deux villages sont concernés : Les Salles-sur-Verdon et le hameau des Broves. Malgré une vive opposition locale, les expropriations sont actées en 1971.

Le 4 mars 1974 marque une date tragique : les dernières maisons encore debout sont dynamitées, et l’eau commence à monter. Le vieux village de Salles-sur-Verdon disparaît peu à peu sous les flots. Seule l’église fut démontée pierre par pierre, dans l’espoir de la reconstruire ailleurs. Le traumatisme est immense pour les habitants, arrachés à leur terre, à leurs souvenirs, à leurs racines.

Mais l’histoire ne s’arrête pas là. Un nouveau village, portant le même nom, est rebâti sur les hauteurs, à proximité du lac. Construit dans un style provençal, il accueille aujourd’hui environ 200 habitants permanents. Le tourisme lié au lac a permis de redonner vie à cette commune qui a su renaître de ses eaux.

Aujourd’hui, peu de visiteurs savent qu’en plongeant sous les eaux paisibles du lac de Sainte-Croix, ils frôlent les vestiges d’un passé englouti. Certains anciens se souviennent encore de la place du village, du clocher, des fêtes d’antan. Le sacrifice de Salles-sur-Verdon illustre les tensions entre progrès et mémoire, modernité et traditions. Un pan d’histoire locale qu’il est essentiel de transmettre.