Depuis la création, les SAFER ont été présentées comme des acteurs clés de la modernisation du secteur agricole français.

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SAFER

SAFER – CREDIT : VarActu

Depuis leur instauration suite aux lois d’orientation agricole de 1960 et 1962, les Sociétés d’Aménagement Foncier et d’Etablissement Rural (SAFER) ont été présentées comme des acteurs clés de la modernisation du secteur agricole français. Leur mission originelle vise à encadrer, aménager et rationaliser le foncier, avec des objectifs clairement définis : accompagner le développement agricole de manière équilibrée, faciliter la restructuration des exploitations, promouvoir l’installation des jeunes agriculteurs et consolider les exploitations familiales.

Cependant, au sein du monde agricole, les SAFER ne font pas l’unanimité. Des voix s’élèvent pour dénoncer des abus de pouvoir qui semblent pénaliser tant les vendeurs de terres agricoles que les futurs exploitants. Des témoignages récents de varois illustrent cette préoccupation. Un vendeur déplore l’intransigeance de la SAFER dans le cadre de la vente de terrains agricoles : « J’ai conclu deux accords préliminaires avec deux agriculteurs porteurs de projets. Dans les deux situations, la SAFER a exercé son droit de préemption en proposant des prix nettement inférieurs, alors que les acheteurs n’avaient même pas discuté les prix, tant ils étaient attractifs. » Cette situation laisse les vendeurs dans une impasse, contraints de choisir entre des options peu satisfaisantes : engager des procédures juridiques coûteuses et chronophages, céder leurs biens à un prix dérisoire, ou annuler la vente et risquer de voir les terres rester en friche, objectif inverse du but initial.

Par ailleurs, un autre argument souvent avancé par les SAFER est celui de lutter contre la spéculation foncière. Cependant, un autre témoignage remet en question cette assertion : « Ces terrains sont dans ma famille depuis plus de deux siècles, et étaient constructibles il y a quelques années ; il ne peut donc y avoir de spéculation. Au contraire, c’est la SAFER qui réalise des plus-values en acquérant des terrains à bas prix pour les revendre avec un bénéfice. Cette pratique semble répandue dans le Var. »

Ces témoignages mettent en lumière les tensions et les préoccupations entourant le rôle et les pratiques des SAFER, non seulement dans le Var mais également dans d’autres départements de France. Dans un contexte où l’agriculture traverse des périodes de crise, il est regrettable que ces sociétés ne puissent pas jouer un rôle plus consensuel et facilitateur pour l’ensemble des acteurs du monde agricole.