Le conflit en cours entre Israël et le Hamas a malheureusement coûté la vie à 17 journalistes qui étaient en mission dans la région
journalistes tués – CREDIT : Wikimédia Commons
Cette situation tragique souligne les risques auxquels les journalistes sont exposés lorsqu’ils couvrent des zones de conflit. Cependant, de manière paradoxale, le nombre total de journalistes tués dans le monde en 2023 a connu une baisse par rapport à l’année précédente, selon les données de Reporters sans frontières (RSF).
En 2023, 45 journalistes ont perdu la vie dans l’exercice de leurs fonctions, tandis que l’année précédente, ce nombre était de 61. Cette diminution est notable et représente le chiffre le plus bas depuis 2002, avec seulement 33 journalistes tués cette année-là. Il est important de noter que cette réduction ne minimise en aucun cas la tragédie qui se déroule à Gaza, mais elle suggère une tendance à la baisse constante, bien loin du pic de plus de 140 journalistes tués en 2012 et 2013, principalement en raison des conflits en Syrie et en Irak, selon Christophe Deloire, le secrétaire général de RSF.
Plusieurs facteurs peuvent expliquer cette diminution du nombre de journalistes tués. Parmi eux, on peut citer la lutte contre l’impunité, les efforts des organisations intergouvernementales, des ONG, ainsi que la prudence accrue des médias. Les causes exactes peuvent varier, mais il est indéniable qu’une plus grande sensibilisation à la sécurité des journalistes et des mesures de précaution renforcées contribuent à cette tendance positive.
Il est important de noter que le décompte mondial des journalistes tués, arrêté au 1er décembre, exclut ceux qui ont perdu la vie en dehors de leurs fonctions, ceux qui n’ont pas été spécifiquement ciblés en tant que journalistes, ou ceux dont les circonstances de la mort restent inconnues, précise RSF.
La situation au Proche-Orient reste préoccupante, avec un total de 63 journalistes tués depuis le début du conflit entre Israël et le Hamas en octobre. RSF a déposé une plainte devant la Cour pénale internationale pour “crimes de guerre” commis contre les journalistes à Gaza et contre un journaliste israélien.
Par ailleurs, le conflit en Ukraine a également coûté la vie à deux journalistes en 2023, dont un reporter de l’AFP. Il s’agit du seul journaliste à avoir perdu la vie dans un pays étranger cette année, parmi un total de 11 décès depuis l’invasion russe de février 2022.
En ce qui concerne l’Amérique latine, on note une baisse significative du nombre de journalistes tués, passant de 26 en 2022 à seulement six en 2023. Le Mexique, qui était l’une des zones les plus dangereuses pour les journalistes, a enregistré quatre décès en 2023, contre 11 l’année précédente. Cependant, cela ne signifie pas nécessairement une amélioration de la sécurité pour la presse, car des enlèvements de journalistes et des attaques armées ont également été signalés en fin d’année 2023.
Cette tendance à la baisse du nombre de journalistes tués peut être attribuée en partie à une plus grande préoccupation pour leur sécurité, mais elle peut également entraîner davantage d’autocensure de la part des journalistes, ainsi que la création de “trous noirs de l’information” dans certaines régions.
Enfin, en ce qui concerne la détention de journalistes, 521 journalistes étaient détenus dans le monde en 2023, contre 569 en 2022. La Biélorussie est devenue l’une des trois plus grandes prisons du monde pour les journalistes, aux côtés de la Chine et de la Birmanie. Parallèlement, la Turquie et l’Iran ont continué à pratiquer des emprisonnements répétés. Actuellement, 54 journalistes sont retenus en otage, comparativement à 65 en 2022.
Cette évolution, bien que positive, ne doit pas occulter les défis persistants auxquels les journalistes du monde entier sont confrontés dans l’exercice de leur métier, notamment en zones de conflit et dans les pays où la liberté de la presse est menacée.