Le provençal est une langue riche et structurée, loin d’être un simple patois, porteur d’une culture ancestrale toujours bien vivante.

en provence on parle beaucoup

Blason provençal – CREDIT :  Pixabay

Longtemps reléguée au rang de « patois », la langue provençale est pourtant bien plus qu’un simple dialecte local. Riche d’une histoire millénaire, elle constitue un pilier de l’identité culturelle de la Provence. Parlée encore aujourd’hui par des milliers de personnes, elle connaît un regain d’intérêt, tant chez les linguistes que dans la sphère associative et éducative.

Une langue à part entière avec une histoire littéraire forte

Le provençal est une des variantes de l’occitan, langue romane issue du latin vulgaire, tout comme le français, l’espagnol ou l’italien. Dès le Moyen Âge, il s’impose comme une langue de prestige grâce aux troubadours, ces poètes itinérants qui composent des œuvres lyriques saluées dans toute l’Europe. Parmi eux, Raimbaud d’Orange ou Arnaut Daniel sont encore étudiés aujourd’hui pour leur apport à la littérature médiévale.

C’est au XIXe siècle que le mouvement félibrige, lancé par Frédéric Mistral, redonne un nouvel élan au provençal. L’œuvre de Mistral, Mirèio, lui vaut même le prix Nobel de littérature en 1904, prouvant que cette langue dite « régionale » pouvait porter une œuvre universelle.

Une vitalité toujours présente malgré les obstacles

Bien que marginalisée après l’unification linguistique de la France, notamment à travers l’école républicaine qui imposait le français comme unique langue d’enseignement, la langue provençale a résisté. Aujourd’hui, de nombreuses associations et écoles calandretas (établissements bilingues occitan-français) contribuent à sa transmission. Des cours pour adultes, des ateliers culturels, des festivals et même des médias en provençal existent, témoignant de sa vitalité.

Les efforts pour faire reconnaître le provençal comme patrimoine immatériel méritent d’être soutenus. Car parler ou apprendre cette langue, ce n’est pas simplement entretenir une curiosité folklorique, c’est aussi préserver un regard singulier sur le monde, une manière de penser, de nommer la nature, les émotions, les relations humaines.

Un combat culturel et identitaire

Qualifier le provençal de « patois » revient à nier sa richesse grammaticale, sa structure propre, sa capacité à véhiculer une pensée complexe et poétique. Ce terme, souvent péjoratif, sous-entend une langue inférieure, ce que l’histoire du provençal contredit en tout point. Le combat pour la reconnaissance du provençal est donc aussi un combat pour la diversité culturelle et linguistique.